Pédagogie plein air

Faire pousser la pédagogie en plein air dans les écoles des Laurentides

Ressource

Vous êtes prof et souhaitez enseigner dehors sans trop savoir comment vous y prendre ? Dans les Laurentides, le projet pilote Écoles ambassadrices de pédagogie en plein air a justement pour objectif de faciliter le passage à l’action, grâce à un accompagnement structuré et personnalisé. 

Le projet Écoles ambassadrices de pédagogie en plein air repose sur une collaboration entre le milieu scolaire et trois organisations qui font la promotion de l’activité physique afin de lutter contre la sédentarité des jeunes : Loisirs Laurentides (URLS), le CISSS des Laurentides et Laurentides en santé (TIR-SHV). « Les enseignants hésitent à se lancer, parce qu’ils doutent de leur capacité à encadrer des activités d’apprentissage extérieur, souligne Anne Charest, coordonnatrice de Laurentides en santé. Un des objectifs de ce projet est de défaire ce préjugé en montrant aux profs que cette façon d’enseigner est accessible et peut être simple à mettre en pratique. » 

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Un accompagnement structuré

L’initiative se déploie en plusieurs étapes :

  • La présentation du projet permet d’en préciser les objectifs et le rôle de chaque intervenant·e : enseignant·e·s, conseiller·ère·s pédagogiques du centre de services scolaire, kinésiologues et organisateur communautaire du CISSS.
  • L’équipe-école et les partenaires du projet participent à une initiation de trois heures à la pédagogie en plein air.
  • Une rencontre entre les enseignant·e·s, les kinésiologues et les conseiller·ère·s pédagogiques, pour élaborer un plan d’action.
  • Deux autres rencontres permettent de faire un suivi, puis un bilan des actions pédagogiques mises en place.

« Six écoles ont commencé en septembre 2023 et une autre le fera en septembre 2024, indique Marie-Pier Vigneault, agente de développement plein air scolaire pour Loisirs Laurentides. Ces écoles présentent des profils variés, car elles sont situées dans des centres de services scolaires différents. Certaines sont isolées géographiquement, d’autres sont en milieu urbain. Nous avons donné la priorité aux écoles en milieu défavorisé. »

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Du temps et du matériel en échange d’un engagement

Le financement de cette initiative inclut un budget de libération des enseignant·e·s. « Ce montant couvre le temps consacré aux différentes rencontres, mais aussi du temps de travail personnel sur le projet, précise Anne Charest. Il s’agit d’offrir les meilleures conditions possibles aux profs pour maintenir leur motivation tout au long du projet. » Chaque école reçoit également 2 000 $ pour l’achat de matériel, comme un chariot tout-terrain pour transporter des bâches, un tableau blanc et des coussins pour s’asseoir.

« En échange de ce projet clé en main gratuit, les écoles s’engagent à se rendre au bout du processus qui les mènera à devenir des ambassadrices de la pédagogie en plein air, poursuit Anne Charest. Dès la première rencontre, elles savent dans quoi elles s’embarquent. Le contrat précise les responsabilités de chacun des partenaires du projet, ainsi que les conditions en cas d’abandon du projet. C’est un peu formel, mais c’est rassurant pour toutes les parties. »

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Démystifier la pédagogie en plein air

C’est Amélie Monette, fondatrice de l’entreprise La fleur sauvage - Assoiffés de nature, qui a initié les intervenant·e·s et les partenaires du projet dans cinq des six écoles participantes* : enseignant·e·s, conseiller·ère·s pédagogiques, kinésiologues, technicien·ne·s en éducation spécialisée, organisateurs·trices communautaires, etc. « C’est à cette étape que la pédagogie en plein air est démystifiée et qu’on se rend compte qu’elle est plus accessible et plus simple que de prime abord », explique Marie-Pier Vigneault.


« La nature, ce n’est pas seulement les règnes animal, végétal et minéral, illustre Amélie Monette. L’humain est aussi un être naturel, tout comme ce qu’il crée. Les opportunités d’enseignement en plein air ne se limitent pas aux espaces verts. Ça peut être aussi simple que d’aller 15 minutes dans la cour pour faire de la révision une fois par semaine ou d’apprendre en explorant l’environnement immédiat de l’école. » La formatrice a plus d’une astuce dans son sac pour que les sorties se déroulent bien. Nous en mentionnons quelques-unes dans l’encadré à la fin du texte.

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Des expertises complémentaires

La troisième étape se présente sous la forme une rencontre de deux heures qui permet aux intervenant·e·s de bénéficier des expertises complémentaires de kinésiologues et de conseiller·ère·s pédagogiques. « Les kinésiologues s’intéressent à l’optimisation de l’activité physique et à la réduction de la sédentarité, explique Marie-Pier Vigneault. Ils ont beaucoup d’idées sur les façons d’amener un groupe dehors et de gérer le matériel. Pour leur part, les conseiller·ère·s pédagogiques guident les profs au chapitre de la structure et de la progression des apprentissages, des façons d’enseigner dehors et des matières qui s’y prêtent bien, des outils pédagogiques, etc. »


Le plan d’action élaboré à cette occasion correspond à la culture et la couleur de chaque école. « L’objectif est que les enseignants s’approprient la démarche à leur rythme et que les enfants apprivoisent cette nouvelle façon d’apprendre », fait valoir Anne Charest.

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Une communauté de pratique

Une communauté de pratique, pilotée par Loisirs Laurentides, débutera en septembre 2024. « C’est un outil important pour maintenir la motivation des profs, mentionne Marie-Pier Vigneault. Ils pourront échanger au sujet de leurs défis et de leurs bons coups, partager leurs trucs et leurs astuces. C’est une belle façon de tisser des liens sur un grand territoire comme le nôtre où les enseignants n’ont pas beaucoup d’occasions d’échanger d’une école à l’autre et encore moins d’un centre de services scolaire à l’autre. »

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Une évaluation des processus

Avant de rayonner dans d’autres d’écoles des Laurentides, le projet sera évalué par des chercheurs de l’Université du Québec en Outaouais. « Ça va aller au-delà du nombre de profs formés et du nombre d’élèves touchés, souligne Anne Charest. Nous voulons savoir comment ça s’est passé pour les enseignants : est-ce que le soutien offert est adéquat, comment se passe la gestion de la trousse de plein air, quels sont les obstacles qui persistent, les points forts, etc. ? » Là encore, un budget de libération est prévu pour que les profs participent à cette recherche-action.

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Les bonnes pratiques

Selon Amélie Monette, formatrice et fondatrice de l’entreprise La fleur sauvage - Assoiffés de nature, il est important que les élèves sachent à quoi s’attendre lorsque l’enseignement a lieu dehors. Voici quelques-uns de ses conseils.

  • Établir un code de vie pour les périodes d’enseignement à l’extérieur.
  • L’enchaînement pour sortir doit toujours demeurer le même : donner les consignes détaillées de l’activité dans la classe et les rappeler brièvement lorsque les jeunes sont rendus au point de sortie.
  • Les élèves ont le droit de courir jusqu’au point de rassemblement.
  • Prévoir une période de jeu libre pour que les élèves puissent se dépenser avant ou après l’activité et garder toujours la même séquence.
  • Confier certaines responsabilités aux élèves : gardien du temps, responsable du matériel, par exemple.
  • Après l’activité, on prend le temps de se poser avant de retourner en classe : s’asseoir en cercle et partager une gratitude ou mentionner ce qu’on a aimé et moins aimé, un rituel appelé « la rose et l’épine ».
     
    Les marches pédagogiques dans le quartier représentent des opportunités souvent négligées, selon Amélie Monette. « Pourtant, tout ce qu’il y a dans leur cahier de mathématique est dans la rue jusqu’à la 4e année, fait-elle valoir. En dessinant à la craie une baleine grandeur nature dans la cour, on réinvestit ce qu’on a appris en science. »
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La suite des choses

« Le CISSS des Laurentides financera la libération et la formation des enseignants de quatre autres écoles en 2024-2025, par l’intermédiaire du projet Épanouir - Promotion de la santé mentale positive en contexte scolaire, indique Marie-Pier Vigneault. Les Écoles ambassadrices de pédagogie en plein air vont servir d’inspiration pour faire rayonner le projet, et le Camp des profs (projet eX3) est une bonne occasion de recruter d’autres écoles. »

« Nous souhaitons que ce projet entraîne l’adhésion de plus en plus d’écoles en faveur d’une approche différente de l’enseignement, que les directions d’écoles incluent le soutien à la pédagogie en plein air dans leurs politiques et que la collaboration des municipalités et des organismes communautaires contribue à la dissémination et à la pérennité de ce projet. Une municipalité pourrait notamment inclure la pédagogie en plein air dans sa politique familiale », mentionne Anne Charest.

Parce qu’apprendre, c’est aussi réviser les fractions à l’aide de brindilles, s’orienter dans son village ou son quartier et, au passage, s’émerveiller de ce qui réussit à pousser dans les « craques » des trottoirs.

 

* Une des formations a été donnée par la Fondation Monique Fitz-Back

- Le projet pilote Écoles ambassadrices de pédagogie en plein air est financé à hauteur de 49 000 $ par Laurentides en santé, dans le cadre de du Plan d’action interministériel 2022-2025 de la Politique gouvernementale de prévention en santé.

- Contributions en ressources humaines : Loisirs Laurentides, 33 000 $ ; CISSS, 20 000 $ ; centres de services scolaires, 5 000 $.

- Les trousses de plein air sont financées en partie par Loisirs Laurentides dans le cadre de la mesure 1.4 de la Politique gouvernementale de prévention en santé.

- Les 6 écoles participantes sont les suivantes:

  • École Le Carrefour, Saint-Rémi d'Amherst.
  • École de l'aventure, l'Ascension.
  • École joli-Bois, Sainte-Sophie
  • École des Perséides, Pointe-Calumet
  • École le Sentier, Boisbriand
  • École Notre-Dame, Saint-Jérôme

 

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